Analyse Pernod Ricard

Né du rapprochement de Ricard et Pernod en 1975, le groupe s’est développé tant par croissance interne que par croissance externe. Ainsi purement français à l’origine, le groupe se diversifie est devient européen puis leader mondial dans le secteur des vins et spiritueux. L’acquisition d’une partie de Seagram (2001), d’Allied Domecq (2005) et celle récente de Vin & Sprit (2008) ont fait du Groupe le co-leader mondial des vins et spiritueux.

Présent sur les cinq continents avec un chiffre d’affaires consolidé de 6 589 millions d’euros en 2007/08. Pernod Ricard possède l’un des portefeuilles de marques les plus prestigieux du secteur et s’organise autour de 10 familles de produits: scotchs et whiskies (Chivas Regal, The Glenlivet, Jameson, Clan Campbell, Ballantine’s, Royal Stag, 100 pipers, Wild Turkey, Aberlour, etc.), cognacs et brandies (Martell, Brandy Domecq, etc.), rhums (Havana Club et Montilla), vins (Jacob’s Creek, Montana, etc.), gins (Seagram, Beefeater), anisés (Ricard, Pastis 51, Pernod, etc.), vodkas (Wyborowa, Zybrowka, Stolichnaya), liqueurs (Malibu, Kahlua, etc. ), champagnes (Mumm et Perrier-Jouët), amers (Amaro Ramazotti, Suze, etc).

Pernod Ricard s’appuie sur une organisation décentralisée, composée de 7 filiales «Propriétaires de Marques» et de 70 filiales de «Distribution» présentes sur chaque marché clé, qui représente plus de 19 300 collaborateurs.
La répartition géographique du chiffre d’affaires est la suivante : France (10,8%), Europe (32,9%), Amériques (25,8%) et autres (30,5%).

INFORMATION FINANCIÈRE

Le chiffre d’affaires consolidé (hors droits et taxes) de Pernod Ricard atteint 1 756 M€ au 1er trimestre 2008/09, en progression de +13%. La croissance interne s’élève à +7%, tirée par les spiritueux super premium, les pays émergents et certains pays occidentaux. L’effet périmètre (+12%) traduit essentiellement l’intégration de Vin & Sprit à compter du 23 juillet. L’effet devises est défavorable (-6%) en raison du dollar américain (taux moyen du 1er trimestre inférieur à celui de l’année dernière), de la baisse de la livre sterling, du won coréen et de la roupie indienne. Les activités Spiritueux et Vins affichent respectivement une croissance interne de +6% et de +8%. Les 14 marques stratégiques (hors Absolut) enregistrent une croissance interne de +7% en valeur pour des volumes à +2% grâce à un fort effet mix/prix. Les marques les plus performantes en valeur (3) sont : Perrier-Jouët (+29%), The Glenlivet (+27%), Jameson (+17%), Mumm (+16%), Montana (+15%).
Absolut affiche un très bon 1er trimestre confirmé par les Nielsen des 3 derniers mois qui affichent des progressions de +2% aux Etats-Unis, +42% au Brésil, +23% en France, +20% en Pologne, +12% en Grèce, +8% en Espagne. Sur 12 mois glissants à fin juin 2008, les ventes locales d’Absolut sont évaluées à 10,9 millions de caisses, en croissance de +9% par rapport à la période précédente.
A côté des marques stratégiques, les marques locales leaders continuent leur bonne progression (Amaro Ramazzotti en Allemagne, Wisers au Canada, Royal Stag en Inde, Something Special au Venezuela et en Équateur, Passport au Brésil et au Mexique. La situation est plus difficile pour Imperial en Corée du Sud et 100 Pipers en Thaïlande en raison du contexte dans ces deux pays.

Toutes les zones participent à la croissance du chiffre d’affaires, avec la croissance interne la plus forte dans les Amériques (+9%) devant les zone Asie / Reste du Monde et Europe (+7% respectivement). En France, la croissance interne est ressortie à +1% seulement.
Les pays émergents de la zone progressent de +13%. La croissance provient notamment de l’Inde et du Duty Free. Bénéficiant du fort effet positif des hausses de prix passées sur l’exercice précédent, la Chine affiche également une bonne progression.

DIVIDENDES

Lors de l’Assemblée Générale du 5 Novembre 2008, les actionnaires de Pernod Ricard ont fixé le montant du dividende à 1,32 € par action, soit une augmentation de 4,7% par rapport à l’exercice précédent. Un acompte de 0,63 € ayant été versé le 3 juillet dernier, le solde de 0,69 € sera détaché le 13 novembre et mis en paiement le 18 novembre 2008.
Pernod Ricard associe étroitement les actionnaires du Groupe à son succès et on a vu depuis 2003 évoluer le dividende de 0,815 à 1,32 soit 63 % de croissance. Le Groupe et sa direction n’ont jamais perdu de vue leur objectif de long terme : la création de valeur pour l’actionnaire.

OBJECTIFS ET PERSPECTIVES

La bonne performance enregistrée par le Groupe au 1er trimestre 2008/09, la puissance de son réseau commercial et de son portefeuille de marques ainsi que la force de son « business model » décentralisé assurant une grande réactivité, permettent, en dépit du ralentissement économique global, de confirmer les objectifs annuels pour l’exercice 2008/09:
• une croissance interne du résultat opérationnel courant de l’ordre de +8%, sur le périmètre historique de Pernod Ricard,
• une forte croissance d’Absolut ainsi qu’une mise en œuvre accélérée des synergies,
• une croissance à deux chiffres du résultat net courant part du Groupe sur l’exercice 2008/09.

Pernod Ricard adapte son offre afin de répondre au mieux aux évolutions du marché mondial des vins et spiritueux, et notamment à une montée en gamme observée dans les pays matures comme dans les pays émergents. Le segment des spiritueux se caractérise par une tendance à la stabilité du marché mondial en volumes mais à la progression en valeur,
la stagnation du segment des spiritueux locaux majoritaires en volumes, la croissance du marché des spiritueux internationaux tirée en particulier par le dynamisme des ventes de vodka et de scotch. Le marché mondial du vin connaît également un fort bouleversement caractérisé par la croissance du marché mondial des vins de qualité, la montée en puissance des vins du Nouveau Monde, la forte contribution du marché américain et des pays émergents à la croissance.

Grâce à la reprise de la distribution d’Absolut dès le 1er octobre Pernod a réévalué le montant des synergies à 150 millions d’euros en année pleine, au lieu d’une fourchette initiale de 120 à 150 millions. Au moins 50 % des synergies seront dégagées sur l’exercice en cours et 100 % dès 2009-2010.
La priorité de Pernod Ricard reste la réduction de la dette. Au 30 juin, la dette nette ressortait à 6,1 milliards d’euros (soit un ratio dette nette sur Ebitda de 3,6), mais en tenant compte de l’impact de V&S, la dette est de 11,9 milliards. Les 2 milliards d’euros à refinancer sur 2010/11 seront très largement couverts par les cessions d’actifs non stratégique et le cashflow attendu de l’activité. Le groupe compte ainsi réduire rapidement son endettement, avec un objectif de ratio dette nette sur Ebitda entre 4,5 et 5 fin juin 2010 et de 4 fin juin 2011. Une dette libellée à 57 % en dollar et 42 % en euro, qui affiche pour 2008-2009 un coût de 5,2 %. Les tensions sur les taux court termes ont été compensées par des couvertures complémentaires. La baisse des taux ouvre des perspectives d’évolution favorables du coût de la dette en 2009/10. Par ailleurs, le groupe se félicite de n’avoir à faire face à aucun refinancement à court terme. Pernod Ricard dispose actuellement d’à peu près 400 millions d’euros de cash et de 2 milliards d’euros de lignes de crédit non tirées et n’est donc pas exposé au risque de liquidité.

RECOMMANDATION

Le succès de Pernod Ricard repose sur une stratégie efficace, articulée autour de 4 axes principaux :
la concentration des investissements sur ses 15 marques clés à vocation mondiale, la « Premiumisation » de son portefeuille de marques, le renforcement de ses positions sur les marchés émergents porteurs, la poursuite de la croissance externe.
Dans ce contexte, Pernod Ricard dispose d’atouts importants, et peut notamment s’appuyer sur la forte croissance de ses marques premium, la vodka étant la catégorie la plus dynamique. Le rachat de Vin & Sprit lui confère la première place dans l’univers des spiritueux premium, avec 27% de parts de marché, et lui permet de devenir numéro deux aux Etats-Unis, avec 14% de parts de marché. Depuis 2002, le portefeuille de marques de Pernod Ricard a rassemblé une proportion de plus en plus grande de produits haut de gamme conférant au Groupe un nouveau statut d’acteur du luxe. Cette stratégie à la capacité d’accélérer la croissance des ventes et le développement des marges. La stratégie de Premiumisation engagée par le Groupe répond également aux attentes des consommateurs désireux de boire moins, mais des produits de meilleure qualité.
Le groupe est aussi fortement exposé aux marchés émergents, où il réalise 40% de ses ventes. Cet ancrage devrait constituer un important relais de croissance pour Absolut.

Cependant la plupart des analystes estiment que Pernod Ricard a payé le prix fort pour s’offrir Absolut. Malgré la solidité du financement de la dette, le groupe serait pénalisé par une éventuelle hausse des taux interbancaires. Le marché reste aussi attentif au bon déroulement des différentes étapes qui mènent à l’intégration du groupe suédois Vin & Sprit et au désendettement de Pernod Ricard.

Au vu d’une stratégie payante, de bonne perspectives et dopé par ses qualités défensives, le secteur des boissons surperforme généralement le marché baissier. Nous conseillons donc l’achat.

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